Une élève greffière évoque sa vision de cette crise de la justice ainsi que du salaire trop faible des greffiers par rapport à la surcharge de travail qu’ils subissent, devant parfois faire le travail de plusieurs personnes à eux seuls.
1) Présentation de votre parcours et de votre profession
J’ai commencé mes études en 2020 avec un DUT Carrières juridiques tout en ne sachant pas vers quel métier m’orienter mais avec une réelle envie de continuer dans le droit. Après presque un an de réflexion je me suis intéressée au métier de greffier des services judiciaires. J’ai eu la chance en janvier 2022 de pouvoir faire un stage au sein du Tribunal judiciaire de Charleville Mézières, ce qui a confirmé mon envie d’intégrer le corps des greffiers. J’ai donc décider de passer le concours en parallèle de ma deuxième année de DUT.
Puis, en juillet 2022 j’ai été reçu au concours et diplômée d’un BAC+2.
J’ai donc intégrer l’école nationale des greffes depuis septembre 2022 pour une formation de 18 mois.
2) Depuis 2021, plusieurs évènements ont mis en avant l’existence d’une crise de la justice due à un épuisement professionnel. Partagez-vous ce ressenti ? Trouvez-vous que les conditions de travail sont bonnes ou devraient-elles être améliorées ?
Je suis arrivée trop récemment dans le monde de la justice pour ressentir personnellement cet épuisement, mais j’ai pu l’observer auprès d’un certain nombre de mes collègues. En effet, il existe un réel manque de personnel. Dans la juridiction dans laquelle j’effectue mes stages, certains services sont en souffrance. Les greffiers sont donc effectivement « épuisés » d’effectuer le travail de deux personnes à eux seuls.
En général, je pense que les conditions de travail pourraient être grandement améliorées pour la plupart des juridictions mais sans parler d’amélioration majeure une certaine reconnaissance du ministère est attendue et permettrait de re motiver certains personnels de greffe.
3) Pour vous, la souffrance au travail des greffiers est-elle suffisamment mise en lumière ?
Sans aucun doute, non. Tout comme le métier de greffier en lui même d’ailleurs.
4) Pensez-vous que l’augmentation du personnel judiciaire est une réponse suffisante ?
L’augmentation du personnel judiciaire est une réponse attendue et satisfaisante mais insuffisante.
Les greffiers se plaignent d’un salaire trop bas par rapport à leurs compétences et au niveau de responsabilité de ce métier.
Sans compter que la formation d’un greffier est de 18 mois, ceux qui seront donc prochainement recrutés devront être formés en juridictions et cela demande du temps et de la patience à des greffiers déjà débordés, donc qui par principe n’ont pas le temps de former de nouveaux personnels.
C’est de plus en plus de tâches qui sont demandées aux greffiers sans revalorisation du salaire, ce qui pose un réel problème.