Mobilité étudiante internationale, l’exemple d’un échange au sein d’une université francophone

Dans le cadre des mobilités étudiantes, outre le programme Erasmus, il est possible d’effectuer des mobilités hors union européenne, en se rendant dans des pays francophones ou non. Certaines facultés ont ainsi des partenariats avec des universités canadiennes. Partir dans une université francophone peut ainsi être l’opportunité pour des étudiants peu à l’aise avec les langues étrangères de tout de même faire l’expérience d’une mobilité à l’étranger. Par ailleurs, du fait des liens historiques entre certains pays francophones et le droit français, il peut s’agir d’une opportunité intéressante pour les étudiants souhaitant continuer à se spécialiser en droit français par la suite. 

Tous comme les échanges Erasmus, ces mobilités font l’objet de subventions des universités, mais également de collectivités territoriales telles que les régions.

Nous avons recueilli le témoignage de Lucie Michenet, étudiante ayant effectué sa licence 3 de droit à l’université francophone de Laval (Québec).

1. Présentation du parcours

Après un Baccalauréat économique et social (avant la réforme), j’ai effectué une Licence de droit à l’université de Tours, en parcours droit privé. 

2. Quels sont les principaux apports que vous retirez de cette mobilité? 

Sur le plan académique:

L’un des principaux apports est la découverte d’une nouvelle méthode d’enseignement et de travail. Les cours et leur préparation ne sont pas du tout pareil qu’en France, de même que pour les partiels et les rendus. L’accent est particulièrement mis sur les lectures à effectuer par l’étudiant avant le cours, afin qu’il puisse s’approprier la connaissance. Il est également souvent demandé de reformuler ces lectures lors des cours, ce qui permet d’essayer de comprendre par soi-même, avant d’avoir davantage d’explications de la part des professeurs. Ce format est beaucoup plus interactif et stimulant que les cours magistraux français. Pour ce qui concerne les modalités d’examen, il est très souvent demandé de réaliser de courts travaux de recherche, ou bien des présentations orales. Il s’agit donc d’une autre manière de penser les partiels puisqu’il ne s’agit pas uniquement d’apprendre des connaissances, mais aussi d’approfondir par soi-même un sujet spécifique de la matière.

Je trouve que c’est un très bon complément qui permet de découvrir une nouvelle manière de faire les choses qu’on n’aurait pas envisagée en France, ainsi que de se familiariser avec la rédaction et la recherche.

Je trouve aussi, particulièrement au Québec, qu’il y a une grande différence concernant le rapport étudiants/professeur : il n’y a pas d’amphithéâtre, et les classes sont plus petites (souvent une vingtaine d’étudiants maximum). Cela rend le contact avec les professeurs beaucoup plus personnalisé. Ils sont tous très accessible, avec une bienveillance très marquée par rapport à la réussite des étudiants. 

C’est aussi la découverte d’un nouveau droit, ce qui permet de prendre du recul sur nos connaissances antérieures en droit français. Cela offre une ouverture d’esprit et permet de développer l’esprit critique puisqu’il est très fréquent que les professeurs demandent de comparer les connaissances qu’ils enseignent avec le droit de notre pays d’origine.

Sur le plan personnel:

Il y a beaucoup d’apports sur le plan personnel, notamment par rapport à l’autonomie et l’indépendance. On est complètement hors de sa zone de confort, ce qui permet de faire beaucoup de travail sur soi. On gagne en maturité en devant s’adapter à de nouvelles façons de travailler, mais aussi à un nouvel environnement, et à des étudiants aux cultures très variées. C’est un peu comme si on se redécouvrait. 

3. Quelles ont été les principales difficultés à surmonter ?

Au niveau administratif, je n’ai pas rencontré de difficulté particulière. Les démarches sont longues et ça peut être stressant mais ça se fait plutôt bien malgré tout. 

Concernant les démarches que j’ai du faire: pour aller au Québec pour une durée de plus de 6 mois, il faut demander le certificat d’acceptation du Québec et ensuite le permis d’études. Pour ces papiers il faut notamment faire les données biométriques à Paris, ce qui est assez contraignant. C’est une fois sur place qu’on peut récupérer le permis d’études. Personnellement c’est allé très vite, mais je connais des personnes qui ont du attendre pas mal de temps à l’aéroport par exemple. 

Au niveau des cours et de la vie sur place, les difficultés concernent surtout l’adaptation. La vie sur place et la nouvelle méthode de travail. C’est avec le temps qu’on s’adapte, donc il ne faut pas s’inquiéter si les premières semaines sont compliquées. Suivre les conseils qu’on peut recevoir et même être entouré d’autres étudiants en échange permet de facilement surmonter ces difficultés. Il est rare de se retrouver tout seul avec une difficulté. D’autres seront touchés aussi donc s’entourer d’étudiants en échange est rassurant et permet de s’entraider pour trouver des solutions. 

4. Quels sont les avantages d’effectuer une mobilité à l’étranger si l’on souhaite tout de même exercer en France par la suite ? 

Cette expérience a été marquante et enrichissante avant tout sur le plan personnel.

Au niveau professionnel, il est toujours possible de mettre en avant cette mobilité et la diversité des connaissances acquises. Généralement, les universités d’accueil proposent des cours en droit international et en droit européen, si bien que l’on n’apprend pas uniquement le droit du pays d’accueil. Ces connaissances sont donc utiles pour mieux comprendre le contexte dans lequel s’intègre le droit français. Ensuite, il sera toujours possible de rattraper ce qu’on aurait « loupé » en France. Mais comme je le disais avant, un des plus grand avantage est l’ouverture d’esprit et l’esprit critique qu’on peut développer, ce qui une grande qualité qu’on peut mettre en avant en exerçant en France. Je pense que la méthode de travail que l’on développe sera également toujours utile peu importe où l’on exerce par la suite, et qu’il s’agit de quelque chose de plus précieux que les connaissances « classiques » qu’on aurait acquises en restant en France.

Publié par Juristes D'avenir

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