Le mentorat ” c’est cultiver la bienveillance, la performance et l’excellence ” par Maxime Diot, PDG de la plateforme SkarAge Longevity

Titulaire d’un Master II en Propriété intellectuelle et valorisation des biens de l’Université de Strasbourg, et après avoir été notamment directeur juridique de l’Institut Pasteur de Lille, Maxime Diot est actuellement PDG de la plateforme StarkAge Longevity. Convaincu que “le mentorat est une aventure merveilleuse”, il a réussi à mettre en place un partenariat avec l’Université catholique de Lille et l’association des Juristes d’Entreprise dont il a été le Délégué régional des Hauts-de-France.

1. Qu’est ce que le mentorat selon vous ?

C’est un partage d’expériences réciproques ! C’est cultiver la bienveillance, la performance et l’excellence.

Il ne faut pas que les rapports entre un mentoré et un mentor soient descendants. C’est une passation de relais, de témoins.

Le mentoré est là pour absorber mais il peut également aller challenger le mentor. Mentorer quelqu’un, c’est savoir se remettre en question.

Le mentorat peut se faire également par le biais des associations nationales comme l’AFJE. C’est ça qui est génial ! Le mentorat peut se faire à tout moment et c’est pour tout le monde. Il peut se faire toutes générations confondues et interprofessions. En effet, il ne faut pas réduire le mentorat à un seul domaine. C’est vrai, le droit est un outil mais il faut savoir s’ouvrir à d’autres domaines (marketing, stratégie, communication…). Il faut avoir une vision polyprismique et utiliser le juridique en le confrontant à d’autres spectres.

2. Quels sont les apports pour le mentor et le mentoré ?

On apprend par les pairs et par les professionnels qui apprennent eux-mêmes par les autres. C’est toujours bon les échanges entre générations.

Pour le mentor, on rencontre les étudiants, on échange.  J’aime prendre le temps de discuter avec des étudiants. On apprend toujours des plus jeunes. Après, il ne faut pas se mentir, c’est aussi une manière de percevoir les étudiants qui nous intéressent, avec qui on pourrait collaborer dans l’avenir.

Mais, c’est un lien qui va bien au-delà de ça ! J’ai toujours des liens avec les personnes que j’ai mentoré. Nous échangeons encore sur les questions qu’ils se posent. C’est tellement gratifiant de les voir évoluer.

3. Comment peut-on envisager le mentorat en faculté ?

Le mentorat peut tout d’abord être individuel. On accompagne le mentoré sur un an ou plus, on est sur du « one to one ». On peut se confier et c’est top ! On peut se dire des choses privilégiées. On est presque sur du coaching.

Le mentorat collectif, c’est prendre un groupe d’une vingtaine de personnes et s’installer de manière détendue à la manière du « Cercle des poètes disparus ». Là, il est possible de parler librement sans questions tabou.

A Lille, nous avons créé un dispositif de mentorat où des étudiants de Master 1 et 2 ont reçu l’appui de juristes d’entreprise de l’AFJE. Nous avons ainsi créé une relation de soutien entre d’une part, un juriste et un étudiant de Master 2, et d’autre part, entre ce même étudiant de Master 2 et un étudiant de Master 1 dont il sera le mentor. Lorsque l’étudiant de Master 2 aura son diplôme, il intégrera l’AFJE tandis que l’étudiant de Master 1 devenu Master 2, accompagnera un nouveau Master 1.

4. Le mentorat est un système davantage développé dans d’autres pays comme le Canada ou l’Allemagne. Vous avez étudié au Royaume-Uni, est-ce un système développé Outre-Manche ?

Au Royaume-Uni, ils fonctionnent par Societys. Ce sont des associations d’étudiants dont les groupes ont vocation à créer du lien entre les étudiants.

On se rapproche un peu des sororités présentes aux Etats-Unis. Toutefois, ces dernières peuvent avoir des effets négatifs notamment lorsqu’elles laissent transparaître un système castique.

5. A votre avis, quels sont les freins à son expansion auprès des étudiants en France ? 

La France est un pays où on manque de bienveillance. Le mentorat, c’est accepter de se livrer et c’est accepter de livrer ses échecs. C’est avouer ses vulnérabilités car l’échec contient plus d’éléments d’apprentissage que les réussites.

Par ailleurs, dans le milieu du droit, on considère bien souvent qu’on n’a le temps de rien alors que le temps, c’est quelque chose qui se prend et c’est un temps de construction. On construit un réseau et des relations qui ont vocation à être pérennes.

6. Selon vous, dans quels domaines les étudiants ont-ils le plus besoin d’être accompagnés  (CV, orientation professionnelle, réseau) ?

Ça dépend ! C’est très « intuitu personae », c’est pour ça que le mentorat individuel est intéressant.

7. Pensez-vous qu’il est possible de mentorer plusieurs personnes ou bien est-il plus judicieux de ne prendre qu’une seule personne ?

Tout dépend encore une fois des personnes et des besoins. En ce qui me concerne, j’utilise la méthode MBTI Profil qui permet de savoir quel est le profil de la personne. En fonction du résultat, je peux adapter mon discours. Par exemple, je vais davantage chercher à arrondir les angles avec quelqu’un qui est dans le feeling.

Propos recueillis par Caroline TORTERAT

Le mentorat, vu par l’association Article 1

Développant son expertise en mentorat depuis 15 ans, l’association Article 1 est l’une des lauréates d’un projet étatique visant à soutenir l’accompagnement des étudiants.

Son accompagnement se déploie dans cinq domaines, que le mentoré choisit selon ses besoins : l’insertion professionnelle (conseils pour la recherche de stage, d’emplois ou encore alternance), la méthodologie de travail, la découverte de métiers et cursus, la motivation et la pratique d’une langue étrangère.

L’association Article 1 met ainsi en relation des professionnels et des mentorés, afin d’accompagner ces derniers de manière individuelle, de façon virtuelle ou bien en présentiel. L’accompagnement est également collectif, puisque l’association se donne pour objectif de créer une communauté de mentorés, au travers de l’organisation d’événements. Ceux-ci, qu’il s’agisse d’événements nationaux ou encore de webinaires, peuvent aussi bien concerner la découverte de métiers que la prise de parole en public, ou la confiance en soi. Il s’agit ainsi de permettre aux mentorés de se rencontrer et de créer un sentiment d’appartenance, souvent apprécié des étudiants, en particulier pendant la crise sanitaire.

  1. Quel est le public visé par votre association ?

Article 1 aide les jeunes de 16 à 25 ans, de l’orientation à l’insertion professionnelle, via plusieurs programmes. C’est le cas du programme de mentorat DEMA1N.org, qui est accessible gratuitement à tous les étudiants dans l’enseignement supérieur (école, université, ou autre) souhaitant bénéficier de l’accompagnement d’un mentor, sans considération d’origine sociale. 

Toutefois, si la plateforme DEMA1N.org est destinée à tous les jeunes, Article 1 porte une attention particulière aux jeunes issus de milieux modestes (zone rurale, quartier politique de la ville, étudiant boursier) pour lesquels l’association met en place des actions renforcées et spécifiques, avec notamment l’animation d’une communauté présentielle avec des ateliers liés au développement personnel et à l’insertion professionnelle.

2. Dans quel domaine (CV, recherche de stage, orientation, motivation) les étudiants ont-ils le plus besoin d’être accompagnés ?

La mission du mentor est d’accompagner un jeune vers sa réussite et son épanouissement. Les objectifs du mentorat, au regard des besoins des jeunes identifiés de part notre expérience historique (l’association accompagne des jeunes mentorés depuis plus de 15 ans), sont : 

* Assurer un soutien moral (maintenir la motivation, s’appuyer sur une communauté d’entraide), en particulier dans les moments de transition (orientation, entrée dans le supérieur, fin d’études) ou de difficultés 

* Explorer le champ des possibles (lutter contre l’autocensure, être conseillé dans ses choix d’orientation et de réorientation, rehausser son ambition, oser la mobilité et l’international), épauler le jeune dans ses recherches de stages, alternances ou emplois étudiants.

* S’affirmer et préparer son projet de vie,sur le plan professionnel (mieux connaître les débouchés, choisir une voie, accéder à un réseau de professionnels, découvrir l’entreprise et ses codes, optimiser ses recherches d’emploi) et citoyen (mieux se connaître et assumer sa diversité, s’affirmer et construire son projet en confiance, développer ses compétences transversales, prendre place dans un collectif, s’engager auprès des autres). Le besoin d’aide sur l’insertion professionnelle est sollicité par ⅔ des étudiants qui s’inscrivent dans nos programmes.

3. Pouvez-vous nous donner un exemple de parcours d’étudiant mentoré qui vous a marqué ?

L’association a donné la parole, sur sa chaîne YouTube, a des binômes de mentors et mentorés au sujet de leur expérience :

https://www.youtube.com/watch?v=QQXofLK4GSU 

4. Comment procédez-vous pour faire connaître votre association aux mentors et aux mentorés ?

Nos entreprises partenaires sont d’une grande aide, car elles s’engagent à nos côtés et auprès de leurs collaborateurs pour mobiliser des mentors au sein de leurs structures. Les établissements d’enseignement supérieur, avec lesquels nous avons d’ailleurs des liens privilégiés jouent aussi un rôle important d’information/prescription auprès des jeunes. D’autre part, nous faisons régulièrement des campagnes sur les réseaux (pour les jeunes ou pour les mentors). Cela nous permet de faire connaître nos actions et nos solutions au plus grand nombre. Nous sommes également présents dans certains médias (articles de presse ou radio) et surtout nous avons la chance d’avoir des mentors engagés et des mentorés convaincus qui parlent de nous autour d’eux.

5. Quel est l’intérêt selon vous de favoriser le mentorat en droit précisément ?

Le mentorat  d’étudiants en droit est particulièrement pertinent car ce sont des études exigeantes, qui ouvrent sur une grande variété de métiers.

L’accompagnement permet à des étudiants qui auraient peu de réseau professionnel dans ce secteur de ne pas décrocher grâce à un soutien méthodologique, et à mieux s’orienter. 

6. Le mentorat est très développé dans d’autres pays comme le Canada ou l’Allemagne. Pourquoi est-ce, selon vous, moins le cas en France ?

Le mentorat est très développé dans les pays anglo-saxons car ce sont des pays qui ont moins de traditions liées à l’Etat providence. Les individus ont naturellement plus pris l’habitude de s’aider et de se construire en s’appuyant les uns sur les autres. 

Cependant en France, suite à la crise sanitaire, nous observons à la fois une hausse des besoins d’accompagnement des jeunes et une envie croissante des professionnels de s’engager sur des actions sociétales. 

Pour en savoir plus :

Association Article 1

Les principaux apports du mentorat par Laurent Gamet, Doyen de la Faculté de droit Paris-Est Créteil

Doyen de la Faculté de droit Paris-Est Créteil, Président de la section Droit social de la Société de Législation Comparée, avocat associé fondateur du cabinet FACTORHY Avocats et spécialiste en droit social, Maître Laurent Gamet vous délivre son expérience en matière de mentorat.

1. Comment définissez-vous le mentorat ?

Le mentorat consiste, pour un professionnel aguerri, à échanger avec un étudiant sur son métier, son expérience, à lui prodiguer des conseils, à répondre à ses questions etc.

2. Quelles sont les qualités d’un bon mentor ?

Il doit être à l’écoute des besoins du mentoré : que celui-ci ai besoin d’être objectivement conseillé, rassuré etc. Il doit avoir l’envie de transmettre son expérience mais également d’aider, tout simplement.

3. Pouvez-vous nommer les bienfaits principaux de cette pratique, pour le mentor comme pour le mentoré ?

Le mentor peut se sentir utile en aidant un plus jeune, notamment car il a été à sa place et comprend donc, au moins en partie, ce par quoi celui-ci est en train de passer. Il y a un âge où l’on a souvent envie de partager son expérience, de transmettre. Le mentoré bénéficie de conseils qui pourront lui être directement utiles. Il bénéficie de l’expérience d’un autre, pour éviter les écueils que son mentor a su, ou non, éviter.

4. Cette expérience est davantage développée dans d’autres pays comme le Canada ou l’Allemagne. Quels sont selon-vous les freins à son expansion auprès des étudiants français ?

Le mentorat n’était peut-être pas institutionnalisé comme il l’est aujourd’hui, mais il existait. Pour ma part, quand j’étais étudiant, j’ai toujours pris soin de rencontrer des personnes plus expérimentées, pour leur expliquer mes projets, mes doutes, mes espoirs et recueillir leur avis. Et il y a toujours eu des professionnels expérimentés à l’écoute des plus jeunes. Enfant, nous écoutions les adultes parler, c’était instructif ! Ce qui est nouveau, c’est que tout ceci est aujourd’hui organisé, notamment dans le cadre des facultés.

5. Selon vous, pourrait-il être nécessaire de commencer des actions de mentorat dès le collège, lycée voire la primaire ? Dans la positive, pourquoi ?

Ces rencontres précoces permettent de donner à voir une réalité souvent ignorée. Elles peuvent susciter l’intérêt, voire des vocations. Je n’y vois que des avantages et aucun inconvénient. Peut-être cependant, la réalité des métiers pourrait-elle être trop abstraite si l’on parle à un public trop jeune.

6. Au regard de votre expérience, quels sont les principaux besoins exprimés par les étudiants se tournant vers cette relation humaine ?

Surtout, être rassuré. C’est effarant de voir combien les étudiants doutent d’eux-mêmes. Au-delà, effectivement, le mentorat permet d’aider à faire des choix et ouvre un réseau que l’étudiant n’a pas nécessairement.

7. Est-ce que cet accompagnement constitue une charge trop importante dans la vie professionnelle du mentor, notamment dans le cadre de professions sous tension telles que les magistrats ou les avocats ?

Non, on peut toujours trouver du temps ! A mon sens, un rendez-vous de temps à autre, à l’occasion d’un déjeuner ou d’un dîner par exemple, est tout à fait conciliable avec un emploi du temps pourtant très chargé.

Témoignage de Laurent Gamet, Professeur des universités, Doyen de la Faculté de droit de l’Université Paris XII, avocat au Barreau de Paris

Le mentorat, un outil pour se créer un réseau professionnel par Claire Lardier, sous-directrice à la CAF de l’Ain.

Pour Claire Lardier, le mentorat doit être encouragé dès lors qu’il permet aux étudiants en droit de se constituer, le plus tôt possible, un réseau professionnel. Il peut ainsi devenir un outil efficace pour favoriser des rencontres, susciter des vocations et donner accès à des opportunités (stages, services civiques, emplois étudiants, accompagnement et soutien lors de la préparation des examens ou concours…)

Quel est votre parcours ?

J’ai été diplômée de la faculté de droit de Clermont-Ferrand en 2014. J’ai ensuite effectué une préparation pour rejoindre l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). J’ai ensuite intégré et été diplômée de l’Ecole nationale supérieure de sécurité sociale (EN3S).

J’occupe depuis 2021 un poste de sous-directrice production et relation de service à la Caisse d’Allocation Familiale de l’Ain.

Pensez-vous qu’il y ait un intérêt à favoriser le mentorat pendant le cursus universitaire et en droit particulièrement ?

A mon sens le mentorat doit être favorisé dès le début du parcours universitaire mais doit être adapté en fonction de l’année d’étude dans le cadre de laquelle il s’effectue.

Toutefois, pour qu’un mentorat fonctionne, il faut que le mentoré sache ce qu’il attend mais également qu’il soit impliqué.

Est-il possible de considérer le mentorat comme une manière d’améliorer l’égalité des chances ?

Oui tout à fait. C’est surtout le cas lorsque le mentorat est effectué au contact de professionnels sensibles aux questions de l’égalité des chances.

Selon vous, dans quels domaines les étudiants ont-ils le plus besoin d’être accompagnés ?

Je pense que les besoins varient en fonction du cursus et de l’année universitaire dans le cadre desquels s’effectue le mentorat.

Il me semble que les étudiants peuvent avoir besoin d’aide dans de nombreux domaines que ce soit la rédaction d’un CV, l’orientation professionnelle, le coaching ou encore l’apprentissage.

Le mentorat peut également être utile dans le cadre de la constitution d’un réseau, notamment quant aux recherches de stage et d’emplois.

Quelles sont les qualités nécessaires d’un bon mentor ?

Il me semble que les trois qualités principales sont l’écoute, la bienveillance et la discrétion.

Quels sont les bénéfices qu’un mentor peut retirer ?

Le mentorat est évidemment une expérience valorisable pour le mentor et de plus en plus d’entreprises sont sensibles voire à la recherche d’une personne qui est capable d’avoir le rôle de mentor.

De plus, en aidant un mentoré à développer son réseau, c’est également un excellent moyen pour le mentor de développer le sien.

Il faut également prendre en compte l’enrichissement qui est lié aux rencontres et aux échanges dans ce cadre.

Le mentorat comme rempart au décrochage universitaire par Youssef Badr, Magistrat

Youssef Badr est fondateur et Président de l’association La Courte Echelle. Celle-ci a pour objectif de développer le parrainage dans le cadre des filières juridiques à l’Université et ainsi à œuvrer pour l’égalité des chances. Dans cet article, il précise les missions de l’association et l’intérêt du mentorat en droit.

Quel est le public visé par votre association ?

L’association La Courte Echelle s’adresse à tous les étudiants en droit quelle que soit leur localisation sur le territoire national (métropole et Outre-Mer) et qui sont au minimum en 2ème année. J’ai eu l’idée et surtout l’envie de mettre en lien des étudiants en droit avec des professionnels du droit.

Le premier objectif de l’association est de lutter contre le décrochage universitaire en permettant à des étudiants dans le besoin, grâce à une action de mentorat, de bénéficier de soutien et de conseils afin de les aider à poursuivre leurs études. L’association reçoit également des demandes de personnes en reconversion professionnelle et souhaitant embrasser une carrière dans le milieu du droit. Nous nous assurons que la personne est déjà engagée dans le processus de reconversion et si c’est le cas, nous regardons comment nous pouvons l’aider au mieux.

Si je résume, l’association s’adresse uniquement aux étudiants en droit.

Dans quel domaine les étudiants ont-ils le plus besoin d’être accompagnés ?

Les demandes des étudiants sont très variées.

Dans la grande majorité des cas, les étudiants qui nous écrivent souhaitent être parrainés et accompagnés dans leurs études. Nous tentons de les mettre en contact avec des professionnels directement en lien avec leurs projets professionnels.

D’autres étudiants nous écrivent pour obtenir des stages. Nous avons pu trouver plusieurs dizaines stages depuis le lancement de l’association mais nous ne pouvons pas toujours donner satisfaction à tout le monde naturellement. Cela dépend évidemment des offres de stage disponibles à la période où les demandes sont faites.

Enfin, l’association reçoit énormément de demandes d’étudiants qui souhaitent des renseignements sur l’orientation et/ou en demande de soutien car ils traversent une période compliquée. L’association tente d’y répondre au mieux en mettant en place des liens entre certains étudiants très en difficulté et des professionnels investis qui souhaitent consacrer du temps à un étudiant.

Pouvez-vous nous donner un exemple de parcours d’étudiant mentoré qui vous a marqué ?

Je pourrais vous en donner plein.

Spontanément, je pense naturellement à un étudiant que je parraine depuis 4 ans maintenant (bien avant la création de La Courte Echelle) qui était à l’époque à l’IUT Carrières juridiques à la faculté de Villetaneuse et qui aujourd’hui est en 5ème. Il a pu réaliser plusieurs stages notamment à la Chancellerie lorsque j’étais Porte-Parole du Ministère de la justice. C’est une étudiant brillant que j’ai modestement aidé et accompagné dans les moments où il en avait besoin. Cet étudiant se prépare à passer le concours de l’INSP (ancien concours de l’ENA) l’année prochaine. Je dois avouer que s’il le décroche, je serai sûrement très heureux et ému à la fois.

Je pense que le parrainage peut amener cela, à savoir un soutien à des moments clés durant les études. Ces petits coups de pouce, qui pour nous paraissent anodins, sont précieux pour les étudiants en demande

Comment procédez-vous pour faire connaître votre association aux mentors et aux mentorés ?

La Courte Echelle s’est fait et se fait connaître par deux moyens :

D’une part, par les médias, notamment les réseaux sociaux puisque nous sommes présents sur Twitter, Linkedin et Instagram. Ces moyens marchent assez bien car nous recevons la majorité de nos demandes par ce biais-là. La Courte Echelle a aussi bénéficié de plusieurs articles de presse notamment dans Le Monde, Actu-juridique ou encore dans La Semaine Juridique ce qui lui a donné aussi pas mal de visibilité.

D’autre part, le bouche-à-oreille dans le milieu étudiant marche assez bien. Beaucoup d’étudiants nous écrivent en nous disant qu’on leur a a recommandé l’association.

Après, j’insiste sur le fait que l’association a seulement 6 mois et elle débute. Nous avons énormément de demandes et nous tenons à répondre à tout le monde. Néanmoins, nous sommes conscients que nous ne pourrons jamais aider tous les étudiants faute de moyens. Je le regrette mais c’est un principe de réalité.

Quel est l’intérêt selon vous de favoriser le mentorat en droit précisément ?

Tout d’abord parce que cela n’existe pas. Des structures favorisant et développant le mentorat existent mais elles touchent soit tous les domaines de façon générale, soit des cursus en particulier. Le mentorat est encore étranger au milieu du droit alors qu’il donne des résultats spectaculaires, sur le court, moyen ou long terme.

Aussi, l’intérêt de développer le mentorat dans le milieu du droit est qu’il permet d’accompagner les étudiants pendant les études de droit. Comme d’autres cursus, ces études sont très longues et l’issue est souvent incertaine. De nombreux étudiants m’expliquent depuis des années qu’en s’engageant dans cette voie, ils n’ont aucune certitude d’aller jusqu’au bout. Ils savent qu’ils s’engagent dans le meilleur des cas pour 5 années mais ils sont conscients que des difficultés dans leur vie personnelle et dans leurs études peuvent rallonger grandement le cursus. Ce qui constituait déjà à l’époque un marathon est devenu aujourd’hui un parcours d’obstacles puisque se sont ajoutées des difficultés dans le cheminement des études comme la sélection en Master 1, la nécessité impérative de faire des stages pendant les études afin de se présenter à certains concours de la fonction publique ou la précarité étudiante qui est de plus en plus marquée.

Enfin, et c’est peut-être le point le plus important, l’envie de mettre en place du mentorat est avant tout de permettre à des étudiants issus des milieux les plus modestes d’accéder à des concours très sélectifs de la haute fonction publique.

Le mentorat est très développé dans d’autres pays comme le Canada ou l’Allemagne. Pourquoi est-ce moins le cas en France ?

Sincèrement, je ne sens pas légitime pour répondre à cette question qui est complexe et mérite de la réflexion. Mais si je raisonne par rapport à ma propre expérience d’étudiant, je dirais que le système universitaire français repose sur une conception très individualiste des études. Vous êtes maître et responsable de vos études. Si vous réussissez tant mieux pour vous mais si vous décrochez ou si vous échouez, vous disparaissez du système universitaire. Il n’y a pas de parachute dans les études supérieures.

Youssef Badr (Magistrat, Président et membre de l’association La Courte Echelle)

Le mentorat au sein de l’association AFEV vécu par Léonie Baratou.

Propos recueillis par Lisa-Marie Rodriguez

En 2018, Emmanuel Macron avait montré sa volonté de développer le mentorat en France à travers le lancement du dispositif « Un jeune, un mentor ». Le chef de l’État avait notamment déclaré lors d’une visite dans un centre de formation aux métiers industriels : « Ce que je veux, c’est que chaque jeune qui en a besoin puisse avoir un mentor. Et aussi qu’on offre la possibilité à des cadres en entreprise, à des jeunes qui ont déjà une expérience, d’aider d’autres jeunes, de leur faire confiance, de les accompagner, de leur apporter leur propre exemple de vie »

C’est dans cette lancée qu’en 2019, huit associations françaises proposant des actions mentorat ont créé le « Collectif mentorat » afin de favoriser le développement du mentorat en France. L’objectif de ce collectif est de montrer l’importance du mentorat, élargir son accès à tous et linscrire dans les politiques publiques.

Comme le rapportait le journal le Monde dans un de ses articles en 2021, ce dispositif a mis longtemps avant de trouver son public. Cependant, on a pu remarquer une évolution depuis quelques années, et notamment à la suite de la pandémie, avec une prise de conscience de l’importance que peut représenter le mentorat.

Dans ce cadre nous avons eu l’occasion d’interroger Madame Léonie Baratou qui a décidé de réaliser son service civique au sein de l’une des associations membres du collectif mentorat, l’association AFEV, qui a pour objet la « lutte contre les inégalités éducatives et la création de liens solidaires entre campus et quartiers populaires. ». Son engagement dans le développement du mentorat en France ne s’arrête pas là puisqu’elle vient tout juste de commencer à travailler au sein d’une autre association du même collectif : « Article 1 ».

1. Une présentation de votre parcours et de votre métier

J’ai réalisé des études de droit entre Toulouse et Barcelone et j’ai fini par un master en “Gestion d’ONG et créations de projets sociaux”. Cependant ma deuxième année de master a eu lieu durant le Covid donc j’ai fait mon stage en distanciel, ce qui ne m’a pas permis de développer toutes les compétences professionnelles que je souhaitais développer avant de me lancer dans la “vie active”. Je me suis ainsi tournée vers le service civique et j’ai choisi l’association AFEV de Nanterre (92000). J’ai décidé d’opter pour la mission “lutter contre les inégalités socio-éducatives au sein des quartiers défavorisés”. Pour ce faire, j’ai notamment pu coordonner le mentorat de 23 binômes “jeunes et étudiants” Aujourd’hui j’ai commencé un CDD de neuf mois en tant que “chargée de déploiement”, au sein de l’association « Article 1 ». Il s’agit d’une association qui propose également du mentorat.

2. Considérez-vous que le mentorat soit encore trop sous-développé en France ?

Depuis le plan “un jeune un mentor” voulu par Emmanuel Macron, il y a eu une avancée spectaculaire dans le nombre de jeunes accompagnés à travers des actions de mentorat. En effet, les subventions qui ont émané de ce plan ont permis aux associations de grandir et de mentorer de plus en plus de jeunes. Il faut poursuivre cet effort et cette progression car c’est un dispositif qui porte ses fruits.

3. En quoi consiste le mentorat au sein de l’Association AFEV ? En quoi consiste l’accompagnement ?

Pour résumer, le mentorat au sein de l’association AFEV consiste en l’accompagnement d’un.e jeune par un.e étudiant.e durant environ deux heures par semaine. L’étudiant.e aide le.la jeune à prendre confiance en lui.elle, lui donne envie d’apprendre, de découvrir son territoire et l’encourage à développer sa curiosité à travers par exemple des rencontres à la médiathèque, des sorties au musée etc.

4. Pourquoi peut -il être intéressant de commencer des actions de mentorat dès le collège/lycée, voire la primaire ?

Le mentorat permet de prendre confiance en soi, de s’ouvrir à de nouvelles choses, de développer sa curiosité ; autant de choses qui permettent à un enfant/jeune de se développer.

5. En quoi des initiatives de mentorat telles que celle réalisée au sein de l’Association AFEV peut avoir un impact sur l’égalité des chances et ainsi contribuer à la lutte contre les inégalités ?

Le mentorat est une aide vers l’ouverture culturelle et c’est un moyen de donner aux jeunes des outils pour pallier le manque d’opportunités face auxquelles ils.elles peuvent se retrouver, en fonction de leur milieu social notamment. Le mentorat vient donc en quelques sortes combler et rééquilibrer dans certains domaines, le fossé qui peut se creuser entre personnes provenant de différentes classes sociales.

6. Le mentorat joue-t-il selon vous un rôle important dans la confiance en soi ?

Par le mentorat, le.la jeune mentoré.e se sentira pris.e en compte et valorisé.e, ce qui favorise forcément une prise de confiance en lui.elle. De la même façon, pour le.la mentor.e, c’est un moyen de développer un lien avec un.e jeune, de lui apporter des outils et des moments positifs. Cela amène également à l’augmentation de sa confiance en soi.

7. En quoi le mentorat peut être considéré comme une parfaite illustration de deux des valeurs républicaines les plus importantes en France soit : l’Égalité et la Fraternité.

Pour la fraternité, je dirais qu’entre le.la jeune et le.la mentor.e, se crée un réel lien de confiance. Il s’agit d’établir une connexion avec un.e mentor.e, qui n’est pas une personne de la famille et qui ne représente pas non plus une forme d’autorité comme ça peut être le cas à l’école avec les professeurs par exemple. Il s’agit donc d’une sorte de relation de confiance qui se développe, justement grâce à la fraternité, entre deux personnes au départ inconnues et venant souvent de milieux complètement différents.

Concernant l’Égalité, le mentorat permet de corriger, au moins partiellement, le déséquilibre qu’il peut y avoir entre les jeunes issus de quartiers défavorisés, qui cumulent généralement un grand nombre de difficultés, et les autres jeunes qui ne sont généralement pas confrontés aux mêmes obstacles. Ainsi, le mentorat tend vers l’égalité des chances à travers notamment l’égalité d’accès aux sorties culturelles, entre autres.

8. Que vous a apporté le mentorat personnellement, en tant que mentore ?

Le mentorat m’a beaucoup apporté personnellement. J’ai appris à être créative dans mes propositions de sorties et d’activités d’accompagnement. J’ai également développé ma capacité à être à l’écoute du jeune, à créer un lien de confiance avec lui et sa famille. J’ai des souvenirs très précieux de mon accompagnement.

ECHEC, REUSSITE ET SELECTION EN MASTER

28 mai 2020, il est 15 heures quand Laura apprend qu’elle passe aux rattrapages. En parallèle de  ses  révisions pour  valider les  matières  où  elle  est  défaillante,  elle commence  à  postuler  à plusieurs  masters  1.  Un  niveau  bac  +  4  lui  est  indispensable  pour  réaliser  son  objectif professionnel. Elle souhaite devenir Juge d’instruction, un rêve d’enfant. 

01 juillet 2020, elle reçoit deux refus mais ne se décourage pas, d’autant plus qu’elle est enfin titulaire d’une licence endroit. Après une vingtaine de refus, elle commence à se confronter à la dure réalité d’un avenir incertain. Il  lui  reste  peu  de réponses  en  attente. Son  sort  est désormais  entre  les  mains  des  directeurs  de  master.  Elle  attend  impatiemment  une  réponse qu’elle espère positive.  

Le  vide  et l’absence de certitudes l’effraient et la conduisent à se poser tout  un  tas  de  question : «que  faire  si  je  n’ai pas de  master  1?»,  «et  comment atteindre  mon  objectif  sans  master  1?».Elle  cherche  des  réponses. Très  vite,  elle  se  rend compte que l’information sur Internet est diffuse. Il n’existe que très peu de témoignages. Sur les réseaux sociaux, les étudiants indiquent parfois qu’un bon dossier est celui d’une personne qui  a  une  moyenne  générale  de  14 sur  20,  ce  qui  est  loin d’être son cas. 

Comme  Laura,  de nombreux étudiants se sentent abandonnés et victimes d’un système qui semble privilégier le monde des notes à celui du savoir-être et des compétences. 

Pour tempérer l’angoisse généralisée autour de la sélection et afin d’apporter des solutions concrètes, Juristes d’Influence a souhaité  délivrer sur  son  compte  Instagram et dorénavant son site Internet des  outils efficaces sur la manière de rédiger une lettre de motivation, un curriculum vitae ainsi que les règles  à  respecter  pour  réussir  son  entretien. Notre association a ainsi aidé près d’un millier d’étudiants.  Ses interventions s’inscrivent dans  un  contexte  bien  particulier : encourager  les études supérieures et déconstruire la peur de l’échec chez ces étudiants pour lesquels avoir un objectif ne suffit plus si la porte des masters leur est fermée. 

Le besoin de soutien moral s’est accentué depuis la réforme de la sélection en Master. En effet,  la publication du décret du 25 janvier 2017 permettant l’application  de  la  loi  du  23 décembre  2016 a  déplacé  la  sélection  d’un  cran. Depuis  2020,  les  directeurs  de  master peuvent désormais sélectionner leurs étudiants entre la licence et le Master 1, et non plus entre le  Master  1  et  le  Master  2,comme c’était le cas auparavant. L’obtention  de  la  licence  peut sonner la fin des études pour les étudiants non-sélectionnés ainsi et devenir le cimetière des rêves brisés (la plupart des concours et examens prestigieux des études de droit nécessitent l’obtention d’un bac+4, ainsi en est-il de l’examen d’entrée au CRFPA et du concours d’accès à l’ENM).

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Face à ces réalités, l’étudiant doit impérativement adopter une attitude proactive et comprendre ce qu’est la sélection bien avant d’y être confronté(e).

Pour en saisir le sens, il convient de se référer à la définition qu’en donne le Dictionnaire  Larousse. Sélectionner est le fait de choisir dans un ensemble les personnes qui répondent le mieux à un critère donné. De facto, ceux qui ne satisfont pas à ce critère prennent le risque d’être exclus de cet ensemble.  Pour revendiquer  sa  place,  il  est alors  impératif d’identifier les  critères  de  sélection. Ce  travail permettrait de  vaincre  la  fatalité  et  mieux encore d’utiliser l’échec comme un moteur de réussite. 

Pour y arriver, nous proposerons aux étudiants d’analyser l’ensemble des stratégies à adopter pour réussir l’épreuve de la sélection malgré la présence d’un parcours rectiligne. Nous aborderons également les plans d’action qui peuvent être mis en place dès la première ou la deuxième année de droit afin de maximiser leurs chances de réussir et d’obtenir le master de leur choix.  Le  projet professionnel  doit  désormais  être  pensé  le  plus  tôt  possible. L’étudiant n’a plus la possibilité d’agir de manière hasardeuse. 

Chacun de ses choix doit être adapté à son objectif professionnel. 

Pour vous donner un aperçu de manière générale des stratégies à mettre en œuvre avant la sélection, elles se focalisent essentiellement sur le choix des matières, les méthodes d’apprentissage et l’optimisation des notes, le réseautage, l’associatif, la construction d’une identité numérique, l’importance des stages, les concours d’éloquence, l’audace, l’environnement ainsi que la gestion du stress. Nous y reviendrons dans les prochaines publications à venir. 

N’hésitez pas à nous contacter si vous avez une question

E.B.

La réthorique

La rhétorique est à la fois la science et l’art de l’action du discours sur les esprits. Elle est née dans la Grèce du Vème siècle avec notre ère, avec la démocratie et pour la démocratie. Le mot provient du latin rhetorica. Plus précisément, selon : « telle qu’elle a été élaborée par la culture de la Grèce antique, la rhétorique peut être considérée comme une théorie de la parole efficace liée à une pratique oratoire ». Ayant d’abord concerné la communication orale, elle est d’abord l’art de l’éloquence.

En plus d’aider à développer sa pensée et à construire son discours, la rhétorique contribue à une meilleure compréhension du monde. « Elle permet de déterminer la valeur des arguments d’un discours, qu’il soit politique, judiciaire ou publicitaire », dit le jeune rhéteur et doctorant en sémiologie à l’UQAM, Alexandre Motulsky-Falardeau.

Le dissoï logoï

1. Introduction

L’exercice consiste à argumenter avec autant d’éloquence que possible sur un sujet donné dans un sens puis d’argumenter dans la direction opposée. C’est avant tout un exercice au fondement de la démocratie et le tout premier exercice de rhétorique. Avant la Grèce du Vème siècle, le monde avant la démocratie, c’est un monde où les décisions importantes (sur le juste ou l’utile) était déterminé par des institutions magico-religieuses. Dorénavant, toute question concernant le bien, l’utile et le juste, serait tranchée par un vote à la majorité. Et c’est dans ce contexte que sont apparus les premiers professeurs de rhétorique, les sophistes. 

Credit photo : National Geographic

Cicéron (106 av. J.-C-43 av. J.-C) est est un homme d’État romain, un avocat et un écrivain latin. Le style et les principes mis en lumière par Cicéron ont constitué les fondements, avec Aristote et Quintilien surtout, de l’art rhétorique en Europe. Il s’agit selon Roland Barthes d’une véritable tradition qu’il nomme « cicéronienne » et qui influença notamment la démocratie américaine et le droit germano-romain. 


« La réthorique correspond pour l’âme à ce qu’est la cuisine pour le corps. »

Platon, Gorgias

2. Quels sont les intérêts de l’exercice ?

Tout d’abord un intérêt didactique, c’est-à-dire un exercice qui demande de faire quelque chose d’artificiel. Cela dispose à prendre une distance suffisante vis-à-vis du langage pour l’aborder avec une vue de l’extérieur. Ensuite, il a aussi un intérêt cognitif car il permet d’exercer la flexibilité de nos points de vue et de construire un esprit critique. Il a, enfin, un intérêt rhétorique car il permet par exemple d’anticiper ce qu’un contradicteur peut avoir à l’esprit ce qui est utile pour pouvoir le réfuter plus facilement. Voici une méthode en 3 étapes dont Victor Ferry est l’auteur, il en parle dans son livre : FERRY, V. 12 leçons de rhétorique pour prendre le pouvoirParis, Eyrolles, 2020.

3. Les trois étapes de l’exercice

A/ Invention

Au cours de cette première étape, vous devez trouver la ligne argumentative que vous allez suivre pour chacune des positions. Exemple sur le sujet de l’adultère : L’adultère est une trahison / L’adultère est une aventure

B/ Amplification

Une fois votre ligne argumentative prête, il faut placer la barre plus haut que cela. En effet, le dissoi logoi n’est pas un simple exercice où il faut regarder, timidement, les différents points de vue sur une question. Il s’agit de défendre ces deux positions corps et âme, avec autant d’éloquence que possible. 

C/ Preuve

Afin de donner les moyens de votre politique, il faut apporter une preuve de chacune de vos affirmations. Une fois fait, prononcez votre discours à l’oral et avec conviction. L’exercice est réussi si vous parvenez à vous surprendre : vous allez si loin dans une position que son opposé vous semble et semble au public indéfendable et, pourtant, vous y parvenez. C’est la gymnastique des grands orateurs. Le discours ne doit pas être très long, il doit être court et impactant. 

Mehmet Ciftci

Le dropshipping: que dit la loi française ?

Avec l’extension des boutiques en ligne, le phénomène de dropshipping se développe très rapidement sur le net. Nous pouvons alors lire mais aussi entendre des slogans du type « C’est une mine d’or pour gagner de l’argent », « Comment devenir riche en faisant du dropshipping », « Devenir riche sans travailler ». Cet enthousiasme s’est vite calmé lorsque de plus en plus de clients ont dénoncé ces agissements et en affirmant que le dropshipping n’est qu’une revente de produits à des prix plus excessifs. Des vidéos sur internet se développent alors pour comparer des produits identiques, l’un à moins de 10 euros, l’autre qui peut atteindre des centaines d’euros. 

  -> On se demande alors ce qu’est réellement le dropshipping et ce que dit la loi française à ce sujet  

Qu’est ce que le dropshipping ? 

Pour expliquer la notion de dropshipping, nous allons partir d’un exemple. Vous, consommateur, appréciez fortement une veste que vous venez de trouver sur un site internet. Vous décidez alors de l’acheter. Cependant, vous ne l’avez pas directement acheté auprès du fournisseur mais auprès d’un prestataire. De ce fait, ce dernier va passer commande auprès du fournisseur et indiquera votre adresse afin que vous soyez livré. Le prestataire n’a donc pas de stock et ne s’occupe pas de la logistique, il passe simplement commande pour vous. En contrepartie il se fait une marge sur le produit acheté. 

Nous pouvons alors définir le dropshipping de la manière suivante: 

«  Le dropshipping ( en français « livraison directe ») est un système tripartite où le client (le consommateur) passe commande sur le site internet du distributeur (le commerçant), lequel transmet celle-ci au fournisseur (le grossiste), lequel assure la livraison et gère les stocks » : Le Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française 

Cette activité commerciale comporte de nombreux avantages pour les revendeurs qui souhaitent devenir leur propre patron et de ce fait de tirer des bénéfices de cette activité.

En 2020, la vente en ligne pesait 4000 milliards d’euros.  Cela s’explique par les avantages qu’apportent cette activité: 

  • Peu d’investissement financier au départ 
  • Pas de stock à gérer 
  • Une économie de temps 
  • Moins de risques financiers 
  • Spécialisé uniquement sur la vente 

Cette activité comporte-t-elle des inconvénients pour les consommateurs ? 

Cependant une question reste en suspend: cette pratique n’est-elle pas un désavantage pour le consommateur. Pire encore n’est-il pas lésé par cette pratique ? En effet, l’acheteur ignore cette « opération » entre le fournisseur et le revendeur, il n’a pas conscience de s’acquitter d’un bien à un prix supérieur au prix initial. La sécurité juridique de l’acheteur est également mise en danger. En effet, si il y a un problème de livraison, l’acheteur n’a pas connaissance que cela est dû à une faute du fournisseur. 

Est-ce légal de pratiquer une activité de dropshipping en France ?

Et bien sachez que cette pratique du dropshipping est tout à fait légale et est encadrée par des règles précises. De ce fait le vendeur doit déclarer son activité professionnelle et donc immatriculer son entreprise. Le site de revente doit également contenir les mentions légales, les conditions générales de vente et la politique de confidentialité. Un message de cookies doit également s’afficher et le détail de la vente doit également figurer (prix, la livraison,  informations sur le produit, la quantité). 

Cependant pour lutter contre les arnaques au dropshipping des moyens de protections ont été mis en place. Tout d’abord tout les e-commerce sont recensés auprès de la CNIL qui est chargé de veiller au bon fonctionnement de ces derniers. De plus, il est fortement conseillé de lire les mentions légales afin d’avoir connaissance de l’identité du revendeur. En cas de doute ou de nécessité, il est possible de contacter le réseau anti-arnaques afin d’aider les consommateurs à trouver des solutions. 

Yasmine Saada